Un boulanger magicien et fou ! (1860)

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« Il y a toujours eu des esprits un peu dérangés. Même chez les ouvriers boulangers !
A preuve, le fait divers rapporté par « Le Journal de la semaine » du 8 novembre 1860.

Laurent Bastard a eu la gentillesse de nous faire parvenir cet article afin que nous le publions, nous le remercions de l’attention qu’il porte à nos travaux et pour l’apport de sa pierre a notre édifice de mémoire.

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«Le concierge du guichet de l’Echelle, aux Tuileries, n’en a pas fini avec les fous qui assiègent la demeure de l’empereur. Ces pauvres diables ont presque tous quelque intention merveilleuse, capable de guérir tous les maux de la société, et qu’ils veulent faire sanctionner par le chef de l’Etat.

Hier, s’est présenté de la sorte le nommé W…, garçon boulanger, originaire du Wurtemberg. Il voulait à toute force voir Sa Majesté pour lui soumettre un procédé de fabrication du pain tout à fait nouveau, et pouvant rendre les plus grands services, surtout pour les armées en campagne.

On vit sur-le-champ qu’on avait affaire à un homme en démence, et on le conduisit chez M. Marseille, commissaire du quartier Saint-Germain-L’auxerrois.

Là il expliqua son système.

« C’est, dit-il, la chose la plus simple du monde. Je prends un peu de pâte, je la pétris, je la roule entre mes deux mains, puis je souffle dessus en prononçant quelques paroles cabalistiques que seul je connais. J’enfourne ensuite ma pâte ainsi préparée, et au bout de quelques instants je retire une fournée complète d’un pain délicieux.

C’est une invention admirable, lui répondit le commissaire, et vous allez pouvoir l’essayer dans un établissement considérable, la maison de Bicêtre. On va vous y conduire immédiatement. »

Enchanté de cette perspective, le fou s’est empressé de monter en voiture, à côté de l’agent chargé de le mener à Bicêtre.»

Laurent Bourcier, Picard la Fidélité  CPRFAD

 

Commentaires concernant : "Un boulanger magicien et fou ! (1860)" (1)

  1. Laurent Bourcier a écrit:

    Chers lecteurs,

    Il faut noter un détail intéressant, l’ouvrier boulanger en question est un Allemand.
    Tout au long du 19e siècle les fournils parisiens sont très fréquentés par les ouvriers allemands ou/et autrichiens structurés dans leur grande majorité en compagnonnage.

    Lors de l’ouverture de la cayenne de Paris en 1838, les compagnons boulangers du Devoir s’opposent au cours d’une rixe aux membres de l’un de ces compagnonnages de la boulangerie germanique.

    Fin 19e, ces compagnonnages allemands à Paris prendront la forme de syndicat sous la dénomination de syndicat des ouvriers boulangers Viennois/Allemands.

    Le conflit 1914 1918 mettra fin définitivement à cette migration germanique.

    Laurent Bourcier, Picard la Fidélité.

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