Reconnaissances 7ème partie

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Les reconnaissances  du centenaire 9 décembre 1860- 13 novembre 1960.

Cette festivité de première importance pour les compagnons boulangers pâtissiers, a lieu à Paris dans les locaux de l’AOCDD, place Saint-Gervais.

Pour rendre cette journée encore plus festive, il vient à l’idée des compagnons boulangers de proposer aux corps d’État pas encore reconnu leur Devoir, de le faire symboliquement ce jour-là.

Un courrier, date du 17 novembre 1959, est envoyer à toutes les corporations du devoir n’ayant pas reconnu les CBDD à ce jour.

En voici le contenu :

« Chers compagnons,

L.P.E.T.F est en même temps pour vous dire que je suis charge par le conseil central, ainsi que par les représentants de nos Cayennes, d’une mission auprès de vous.

Je ne vous rappellerai pas les divisions intestines et les luttes souvent cruelles que nos aines ont eu à surmonter depuis 1811, date à laquelle notre corporation à commencer à évoluer dans le compagnonnage pour pouvoir se maintenir sur le tour de France. Un brevet de reconnaissance, signe par plusieurs corporations en 1860 mettait fin à cet état de choses.

Depuis cette reconnaissance, un siècle s’est écoulé pendant lequel les compagnons boulangers ont contribué pour leur part au bon renom de notre institution. Présent à toutes les activités inter compagnonnique et y prenant une part active, ils peuvent considérer que toutes les corporations les ont reconnus « de fait ».

C’est pourquoi, nous avons pensé qu’a l’occasion de notre congrès quinquennal qui se tiendra à Paris dans le début du mois d’avril 1960, les corporations dont la vôtre qui n’avaient pas participé à l’acte de reconnaissance de 1860, pourraient solennellement apposer leur cachet sur ce vieux parchemin, qui sera centenaire l’an prochain.

Je vous demande de bien vouloir présenter cette proposition aux compagnons de votre corporation. Suivant la suite que vous y donnerez, le comité des fêtes de la Cayenne de Paris pourrait se mettre en rapport avec vous, pour régler le cérémonial qui s’impose à une manifestation de ce genre.

Je vous prie de croire chers compagnons en mon dévouement fraternel.

G.Bernard, Bordelais la Pensée, président du conseil central des CBDD.

À ce courrier d’invitation, répondirent positivement :

– Les compagnons Selliers du Devoir.
– Les compagnons Forgerons Maréchaux-Ferrants et Mécaniciens du Devoir.
-Les compagnons Serruriers du Devoir.

Répondirent négativement :

– Les compagnons Charrons-Carrossiers du Devoir, leur reconnaissance du 14 mars 1886 à Tours, au nom du tour de France, étant à cette période oubliée et le document inconnu.
-Les compagnons Couvreurs Plombiers Plâtriers du Devoir
-Les compagnons passant Charpentiers du Devoir (néo-soubises) :
-Les honnêtes compagnons passant Tailleurs de pierre du Devoir.
-Les compagnons Menuisiers du Devoir, mais ultérieurement à cette décision, un document présenté par les compagnons Boulangers de Tours daté du 3 janvier 1886, attestant de la reconnaissance par les compagnons Menuisiers du Devoir de la ville de Tours au nom du tour de France, est présenté aux compagnons Menuisiers. Suite à la présentation de ce document qui leur est malheureusement inconnu, les compagnons Menuisiers du Devoir changent de position et répondent présent pour leur participation à la cérémonie.

Voici un extrait de commentaire, en réaction aux différentes réponses, du compagnon Georges Papineau, Blois l’Ami du Travail :

« En demandant à chaque corps d’état individuellement l’apposition de leur cachet, les compagnons Boulangers ont affronté un verdict dont le résultat n’a surpris personne.
Ce verdict a permis de juger de l’état d’esprit de certains compagnons qui, malgré le temps écoulé, malgré la fidélité des compagnons Boulangers et les services rendus à la cause du compagnonnage en général par nombre d’entre eux, ont conservé un fanatisme compréhensible au 19e siècle, mais inadmissible à notre époque.
Par cette réalisation (fête du centenaire de la reconnaissance) dont ils sont les seuls auteurs, les compagnons Boulangers du Devoir, tout en se révélant à eux-mêmes tant de trésors cachés, on prouve leur vitalité, leur respect des traditions et de la mémoire de leurs anciens. Ils ont montré leur volonté de rester les seuls maitres de leurs destinées, tout en affirmant leur fidélité à l’AOCDD en tant que forme actuelle de l’action inter compagnonnique, dans le respect de l’autonomie de chaque corporation.
C’est sur cette conclusion que je donne ce jour 30 janvier 1961, ma première signature de président du conseil central des compagnons Boulangers du Devoir du tour de France.
Blois l’ami du Travail C.B.D.D. »

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Salle où eurent lieu les signatures de reconnaissances des compagnons Selliers du Devoir, Forgerons Maréchaux-Ferrants et Mécaniciens du Devoir et Serruriers du Devoir.

Pour d’écrire cette célébration du centenaire des CBDD, lisons un extrait de l’article parut dans « Compagnonnage », numéro de janvier 1961, rubrique Le coin du chien blanc :
«… pour bien commencer cette fête et prouver la vitalité de notre corporation, le samedi 12 novembre, en présence des PEV et de quelques compagnons de Tours et Bordeaux, les compagnons Boulangers de la Cayenne de Paris donnèrent la lumière compagnonnique a deux jeunes aspirants : Auger Jean Claude, Bordelais la sincérité, et Prime Gaston, Angevin la franchise.
Le dimanche 13, à dix heures, le pays Bordelais la pensée (G. Bernard), Président du conseil central, assisté des PEV de Blois, Paris, Bordeaux et Tours, se rendit auprès de notre Mère Servante, dont l’état de santé ne permettait pas d’assister à la fête, et lui remit une médaille gravée à son nom. Le PEV de Paris lui présente les deux jeunes reçus qui lui offrirent une gerbe.
Touchée par cette marque d’affection, Notre Mère donna une photocopie d’un poème écrit à son intention pour le trentième anniversaire de sa réception, avec une inscription dont nous verrons le texte plus loin.

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Médaille commémorative

À douze heures précises, une assemblée de famille réunissait autour des compagnons Boulangers, les représentants des corps d’État, compagnons du Devoir, de notre reconnaissance encore en activité : cordonniers Bottiers, Doleurs, Menuisiers, pour recevoir les compagnons Forgerons, Mécaniciens Maréchaux-Ferrants, Selliers, et Serruriers qui, dans un geste fraternel vinrent contresigner et sceller l’acte de notre constitution.

Cette assemblée de famille eut lieu dans la salle* où était exposée une documentation exceptionnelle évoquant la vie du compagnonnage en boulangerie.
Regrettons en passant l’exiguïté de cette salle qui gêna nos mouvements au cours de la cérémonie et obligea de nombreux compagnons à rester à l’extérieur.
Après cette cérémonie, décrite en son procès-verbal, un vin d’honneur fut offert à tous les participants et, à treize heures quinze, tout le monde se groupait devant l’entrée du siège, place Saint-Gervais, pour assister à la pause traditionnelle du bouquet. Ce bouquet était une gerbe de blé avec immortelles, coquelicots et bleuets, enrubannée des cinq couleurs. Le Devoir fut accompli à la mémoire de nos anciens par Blois l’Ami du Travail (C.Duhameau) et Tourangeau Fidèle au Devoir (C.Savard)
Après la photo prise dans la cour du siège, et tout en regrettant que le bar ne soit pas ouvert pour l’apéritif, chacun s’approcha de la table du banquet, garnie de fleurs et de bouquets de blé, lui donnant un aspect inaccoutumé, mais combien évocateur ! … »

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*La salle en question est située au fond de la salle à manger de l’AOCDD de Paris, à droite des cuisines.

A suivre…

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Laurent Bourcier, Picard la Fidélité.C.P.R.F.A.D.

 

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