Perdiguier, avocat des boulangers.

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Agricol Perdiguier, Avignonnais la vertu, Compagnon menuisier du Devoir de Liberté fut un très bon avocat pour défendre la cause des Compagnons boulangers, afin que ces derniers puissent être reconnus comme appartenant à la famille du Compagnonnage du Devoir lors de la seconde moite du 19e siècle.

Les compagnons boulangers étaient en effet  considérés de 1810 à 1860 date de leur première reconnaissance par les corps d’État du Devoir comme des « sois disants », c’est-à-dire sois disants compagnons du Devoir, indigne de porter le titre.

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Sa forte amitié avec Jean-Baptiste Entraygues, Limousin bon courage, Compagnon boulanger du Devoir, très actif dans sa société compagnonnique, installé à Paris, rue Neuve des Capucines comme épicerie-primeurs-conserve, le Fauchon de l’époque, a dû influencer le besoin que Agricol Perdiguier a ressenti d’écrire ces lignes :

“Question vitale sur le compagnonnage” édité par lui-même en 1861, page 103 :

« … Si le boulanger vous fait un pain bien levé, cuit à point d’un excellent gout, reconnaissez qu’il possède l’art qui lui est propre, si le cordonnier vous fait des souliers  qui ne serrent ni trop, ni trop peu votre pied, qui ne vous fassent point souffrir, d’une forme agréable, et qui ne décousent pas, ne reconnaissez qu’il est un artiste dans son métier, et qu’en sa qualité de travailleur très utile il a droit à votre reconnaissance. Que deviendrons-nous si ceux dont je viens de parler nous privaient des œuvres de leurs mains !?

Le boulanger veille pendant que nous dormons, il supporte une chaleur suffocante, ses peines sont extrêmes, son salaire est minime et son travail vient chaque jour nous alimenter, que nous lui devons de reconnaissance !

Il n’est que boulanger, me dit-on ; mais combien de boulangers seraient devenus de savants menuisiers, de savants charpentiers, de savants tailleurs de pierre, et peut-être des généraux d’armée… En seraient ils plus hommes et plus utile pour cela ? Assurément non. Si leur travail est moins varié, moins attrayant que le nôtre, s’il est plus pénible, s’ils le font loin de la clarté du jour, sans qu’un air pur vient rafraichir leur poitrine, que leur peine touche notre Cœur et défions-nous de l’orgueil.

Ouvriers, aimez vos métiers, aimez-en les progrès,  aimez tout ce qui est juste et bon, aimez la fraternité entre toutes les nations et toutes les classes du peuple !… Soyez compagnons, mais aussi, soyez citoyens et soyez hommes. »

« Les fêtes patronales dans le compagnonnage » Perdiguier éditeur 1862. Une grande fête compagnonnique fut organisée par les compagnons tailleurs de pierre étrangers dans l’établissement de Monsieur Ragache, au 53 rue de Sèvres, à Vaugirard.

Constituer d’un banquet auquel assistaient que les compagnons tailleurs de Pierre et leur mère Madame Berri, suivirent d’un bal où tous les corps d’État furent invités, à minuit « Chaîne d’Alliance », lisons Perdiguier :

 

« … Les bons drilles, n’ayant pas jugé, à propos de retirer leurs couvre-chefs du vestiaire, les portes en écharpe (leurs couleurs) et s’en décorant la poitrine, présent couvreur, sabotiers, menuisiers, boulangers, serruriers, tisseurs, cordonniers et autres corps.

… tous ces vieux ennemis devenus frères, se prêtant leurs rubans, s’aidant à les attacher  avec grâce, c’était un spectacle étrange et consolant, j’en ai pleuré de joie !

… qui eut pu croire il y  a seulement cinq ans ou six ans à ce qui eut lieu le 1er novembre 1861 à la barrière de Sèvres ?

Qui prévoyait que toutes les couleurs, que tous les drapeaux se mêleraient, que les passants et les étrangers s’embrasseraient, que le Devoir et le Devoir de liberté se presseraient la main, que le bâtiment et la panification ne feraient qu’un ? …. »

 

Laurent Bourcier, Picard la Fidélité, C.P.R.F.A.D.

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