Notre Mère Jacob (8ème partie 1868)

Sans titre69Mère Jacob (8 ème partie) 1868.

Apres le décès de la bonne Mère JACOB, Emile Victor JACOB, le benjamin, pris la succession de sa mère, et pendant un peu plus de quatre ans seulement, il exerçât la fonction de père des Compagnons boulanger du Devoir de la ville de Tours, rue de La Serpe. Mais, la mort une fois de plus vint frapper la famille JACOB, le 28 février 1868, il disparait dans sa 37 eme année.

Il eut des funérailles à la hauteur de son dévouement.

Apres le décès d’Emile Victor, Jacques DUPONT, Languedoc la constance*, en souvenir de la bonne Mère Jacob et de son fils, composa  une lithographie intitulée « Immortelle souvenir à Nôtre Bonne Mère jacob et à son fils E.Victor » (éditée par l’imprimerie Juliot à Tours)

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Nous relevons sur cette lithographie les discours prononcés à son enterrement :

« Chers Frères et chers Amis,

La perte que nous éprouvons aujourd’hui est d’autant plus douloureuse pour nous et pour la famille Jacob, qu’elle renouvelle nos regrets et nous rappelle de tendres souvenirs sacres renfermes éternellement dans nos coeurs.

Oui, chers amis, elle nous rappelle notre ancienne bonne mère Jacob.

Oh, Bonne Mère, vos vertus et surtout votre charité inépuisable envers les hommes, ont mérite et obtenu leur récompense auprès de Dieu.

Nous prions donc le Seigneur de réunir a vous ce fils bien aime qu’une mort prématuré est venus arracher de nos bras et de ceux de son aimable famille pour vous l’envoyer, recevez-le, Bonne Mère, et que son âme repose en paix auprès de vous dans le sein du Père céleste.»

 

«Chers Frères et Amis,

Victor Jacob n’était pas seulement le père de notre société. Il était pour nous un frère, un ami, car il nous a toujours montre cette vraie amitié que renferme le coeur et qui se traduit par un dévouement a toute épreuve et une sympathie que ne se dément jamais.

Victor, ses frères et sueurs sont nés dans le sein de notre société, pour mieux vous dire, ils ont été reçus dans les bras des compagnons. Aussi, chers Amis, combien l’aimable famille Jacob est-elle aimée et respectée de tous les membres de notre société !

De notre cote, nous ne nous lasserons pas de leur payer le tribut de notre reconnaissance et de notre amour filial.

Le Tour de France en général s’est joint a nous par un témoignage éclatant et ce témoignage existera tant que le monde sera monde ; car Dieu bénit toujours les familles qui font le bien et cette bénédiction demeure éternellement.

Victor par son doux caractère et son bon coeur, avait su s’attirer l’estime et la confiance dans toute la Touraine et sur tout le Tour de France en général ; il comptait des amis partout. Il en était digne, car il s’est toujours montre bon époux, il a toujours été bon père pour le fils de son épouse. En effet, il n’était que beau-père de cet enfant, mais il a eu pour lui la tendresse et les soins d’un vrai père.

Enfin, chers amis, je ne pourrais énumérer ici toutes les preuves de générosité et de la bonté de son coeur. Aussi, il part accompagne des immenses regrets de tous ses amis, connaissances et principalement de notre société et de toute sa famille.

Nous supplions le Dieu infiniment bon qui récompense largement même un verre d’eau donne en son nom, de recevoir en son sein celui dont le coeur s’est toujours montre bon pour ses frères et ses ames, miséricordieux pour ses ennemis et charitable envers les pauvres.

Adieu ! Cher Ami, Adieu, mille fois Adieu !!! »

*Jacques DUPONT, Languedoc la constance, né à Gaillac (Tarn) en 1825, reçu compagnon à Nîmes à la Noël 1850. Décède en 1898.

 

Dans l’ouvrage de Laurent BASTARD intitulé « Images des compagnons du tour de France », nous avons une présentation et analyse de cette lithographie :

 « …La lithographie de Jacques Dupont, nous montre un portique de temple a quatre colonnes désignées par les initiales V. : et M. : (a gauche et a droite) et J. : et B. :  (au centre). Il s’agit des colonnes Vedrera et Makaloe édifiées au temple de Jérusalem par Maitre Jacques, selon l’une des versions de sa légende. Les colonnes Jakin et Boaz, érigées par Hiram selon la Bible, ont été intégrées au symbolisme maçonnique qui a lui même pénétrée le Compagnonnage au 19 eme siècle.

Sur l’entablement repose deux pots a feu, symbolisant le feu éternel du souvenir, la lumière, la montée des flammes vers le ciel. Ce sont des éléments qui n’appartiennent pas en propre à l’iconographie compagnonnique, mais qui sont présents dans l’architecture classique.

Le fronton triangulaire s’orne du blason des compagnons boulangers du Devoir : la pelle et le rouable en sautoir, une couronne d’épine posée a leur intersection et une balance en dessous, accompagne des lettres tri ponctuées C. :B. :D. :D. : (Compagnons boulangers du Devoir).

[…] a gauche et a droite deux bannières comportent le texte du discours qui fut prononce lors des obsèques d’Emile Victor Jacob. Au centre, deux rangs de Compagnons boulangers tenant une couronne aboutissent au monument élevé à la Mère Jacob dans le cimetière de la Salle. Ses frères et soeurs, décèdes prématurément, sont déjà autour de leur mère. Dieu le Père, dans un halo de lumière, assiste à la scène. Au bas du tableau, deux dessins nous montrent les obsèques d’Emile Victor Jacob et sa sépulture au pied de laquelle pleure sa veuve. Entre les deux images se trouve le portrait de la Mère Jacob : c’est le seul qui nous soit parvenu.

Enfin, un texte nous apprend que « tous les ans, le 19 mars, jour anniversaire de l’inauguration de la tombe de notre bonne Mère Jacob, nous venons renouveler ces souvenirs sacres a notre reconnaissance en y joignant un nombre infini de couronnes pour immortaliser sa mémoire dans nos coeurs… »

 

Deux mois après le décès de Victor Jacob, les Compagnons boulangers projetèrent de le faire reposer auprès de sa Mère.  François JACOB, l’aine des enfants Jacob, marqua son opposition à ce projet par voie d’huissier :

« L’an mil huit cent soixante huit, le vingt cinq avril.

A la requête de Mr François JACOB, cuisinier demeurant à Tours rue de la Serpe 14.

Lequel élit domicile en mon étude.

J’ai, Louis Guenault, huissier près le tribunal civil de Tours, demeurant dite ville Mail du Chardonnet N 10, soussigne, signifie et déclare a Mr Brior…., Compagnon boulanger du Devoir en qualité de Premier en Ville, représentant la Société des Compagnons Boulangers du Devoir de Tours, en son domicile et parlant a sa personne.

Par copie au susdit représentant de la dite Société.

Qu’après le décès de Madame Veuve Jacob, mère du requérant et de feu le sieur Victor Jacob, arrive a Tours le vingt quatre décembre 1863, les membres et les adhérents de la société des compagnons boulangers du Devoir, voulant donne a la dite dame veuve Jacob, mère, un témoignage de leur reconnaissance des longs services qu’elle avait rendu a leur société, ont fait entr’eux une souscription au moyen de laquelle il a été acheté dans le cimetière de la ville de Tours, la propriété d’un terrain ou ses cendres ont été déposées et sur lequel a été élevé en son honneur et a sa mémoire un monument funéraire destine a perpétuer le souvenir de la reconnaissance d’affection des souscripteurs.

Il ne peut appartenir aujourd’hui, ni aux représentants actuels de la Société dont il s’agit, ni même a aucun des héritiers ou représentant de la Veuve Jacob de détruire, changer, modifier ou altérer en quelques façon que ce soit, le monument dont il s’agit.

Que cependant le requérant vient d’apprendre que la veuve de Mr Jacob fils ou les membres représentant actuellement la dite Société, se proposent de faire transporter les cendres du dit sieur Jacob fils dans ce monument et d’y faire a cet effet les travaux nécessaires.

Qu’il importe au requérant restant aujourd’hui seul héritier de la veuve Jacob de faire respecter le repos de ses cendres et de faire maintenir dans son intégrité le souvenir élevé de sa mémoire.

En conséquence, je lui ai fait défense expresse de violer la tombe de la dite dame Jacob, de faire aucun changement au monument dont il s’agit.

Lui déclarant que, faute par lui de se conformer a cette défense le requérant se pourvoira contre lui par toutes les voies de droit.

Sous toutes réserves. Dont acte.

Et je lui ai, en qualité, laissé cette copie.

Cout 45 F.   Signé : L.Guenault.»

 

L’état des recherches actuelles ne nous permettent pas de dire si les Compagnons Boulangers du Devoir de la ville de Tours, après le décès d’Emile Victor quittèrent la rue de la Serpe, mais il y a de fortes probabilités que se fut le cas, car le conflit François Jacob/Compagnons boulangers ne devait surement pas être des plus amicaux…

(A suivre…)

Notice biographique Gallica: Jeanne Deshayes, veuve Jacob, mère desCompagnons du devoir de la ville de Tours (Indre-et-Loire) / par L.-P. Journolleau; Société des compagnons boulangers.

Laurent Bourcier, Picard la Fidélité, C.P.R.F.A.D.

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