Notre Mère Jacob (6ème partie 1863-1864)

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PERDRIAU, Manceau Fleur d’Amour.

Apres l’enterrement de leur Mère Jacob, les Compagnons boulangers du Devoir de la ville de Tours décident de l’achat  de la concession et de lance une souscription afin de faire ériger un monument sur sa tombe.

Acte d’achat de la concession.

Aujourd’hui, seize mars mil huit cent soixante quatre.
Nous, Maire de la ville de Tours.
Vu la pétition par laquelle Mr Parfait Suez, Perdriau Galoppe et Perdriau Delaunay, Maitres boulangers à Tours, nous demandent au nom de la Société des Compagnons boulangers de la ville de Tours, la concession à perpétuité de deux mètres carrés de terrain dans le Cimetière de La Salle pour la sépulture de Mme Jacob, née Deshayes Jeanne, Mère des Compagnons boulangers de la ville de Tours, décèdé le vingt quatre septembre 1863.
Vu l’engagement pris par les mêmes de payer pour cette concession la somme fixée par le Conseil Municipal dans son règlement du 17 mai 1858, approuvée par le Préfet du département le 18 juin même année.

Avons arrête :

Art I
La concession a perpétuité de deux mètres cares de terrain au Cimetière de La Salle est faire a M Mr Parfait Suez, Perdriau Galoppe, et Perdriau Delaunay aux fins de leur demande a la charge pour eux de payer trois francs a la caisse du Receveur Municipal, de faire aux hospices de la Ville une donation qui ne pourra être moindre de cette somme et d’occuper par des constructions tout le terrain concède.

Art II
Le présent acte sera soumis à la formalité du timbre et de l’enregistrement et les frais qui en résulteront supportés par les concessionnaires.

Art III
Expédition du présent sera adresse aux pétitionnaires pour leur servir de titre de concession du terrain dont il s’agit.

Le Maire, signe : Magaud
Vu, Tours le 18 mars 1864
Pour le Préfet, le Secrétaire général, signe Roche
Enregistré à Tours le 28 mars 1864-f II A.C.

Reçu 28 fr 80. Signe Leclanche
Pour copie confirme, le Maire : illisible
Cout 2,50
Enregistrement :28,80
Total : 31,30
Mention marginale : reçu trois cents francs, inscrit sous le N 301 du journal de souche.

Tours, le 13 juillet 1864 Signe : illisible.

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Recette pour le monument de la Mère Jacob, par les Compagnons et Aspirants Boulangers du  Tour de France.

Reçu de Bordeaux : 50 Francs
Reçu de La Fleche : 21
Reçu de Marseille : 100
Reçu de Sens : 12
Reçu du Lude : 5
Reçu de Choune : 5
Reçu de Lyon : 60
Reçu de Tours : 168
Reçu de Rochefort : 60
Reçu d’Angers : 110
Reçu de Nantes : 72
Reçu de Montpellier : 15
Reçu d’Auxerre : 10
Reçu de La Rochelle : 77
Reçu du Mans : 68
Reçu de Cognac : 15
Reçu de Chartres : 24
Reçu d’Orléans : 56,93
Reçu de Napoléon : 50,80
Reçu de Toulon : 91
Reçu de Nîmes : 27
Reçu de Paris : 123
Reçu d’Angoulême : 13
Reçu de Poitiers : 35
Reçu de Niort : 20,30
Reçu de Dijon : 12
Reçu le jour de l’inauguration : 83,80
Reçu de Brisbert, Tourangeau la clémence : 2
Reçu de Bourbonnais, Tourangeau l’aimable conduite : 2
Reçu de Gounod, Tourangeau coeur fidèle : 2
Reçu de la chambre de Tours : 500.

Total 1885,83 francs

Les Compagnons boulangers font appel à l’entreprise de Maçonnerie Moreau fils pour exécuter les travaux  du piédestal pour un coût de 336, 49 Francs. Le devis est signé à Tours le 12 février 1865 : « …Je m’engage a exécuter les travaux faisant l’objet du présent devis pour la somme totale de trois cents francs, à la condition de remplacer la pierre du socle du piédestal et du couronnement portée au devis en pierre de Lavaux, par de la pierre provenant des carrière de Chauvigny, première qualité. Ces dits travaux seront terminés pour le quinze mars prochain. »
Pour la statut de bronze, c’est la fonderie Ducel, à Pocé-sur-Cisse, le choix des Compagnons boulangers se portera sur une statue de la Vierge-Marie.

« Notre mère n’est plus »
Air : le fils vendu

Prenons le deuil, compagnons de la France
Et que vers Dieu s’exhalent nos soupirs,
Gais ménestrels, qui chantez la romance,
Pour quelques temps suspendez vos plaisirs.
Muse d’amour qui m’enivre et m’inspire,
Viens partager mes regrets superflus,

Car aujourd’hui je chante sur ma lyre,
Des compagnons ma mère qui n’est plus    Bis

Je vais chanter cette femme si bonne,
Des boulangers Mère depuis longtemps,
Je vais chanter cette aimable personne,
Qui fut toujours fidèle aux devoirants.
Frères chéris de la belle Touraine,
Chacun de vous connaissait ses vertus,

Du tour de France elle était la doyenne,
Chers compagnons notre Mère n’est plus.   Bis

Deux fois vingt ans elle fut notre Mère,
C’était pour nous l’ange consolateur,
Du malheureux soulageant la misère,
La charité faisait battre son coeur ;
Doué, enfin, d’un caractère aimable,
De son amour chacun était confus,

Ses qualités la rendaient adorable,
Chers compagnons notre Mère n’est plus.   Bis

Combien de fois témoin de son courage,
Nous l’avons vue, puissante déité,
Nous l’avons vue pacifier l’orage
Par ses conseils et son humanité.
Faire le bien était sa seule envie,
Tous noirs défauts chez elle étaient exclus,

Elle a paye sa dette a la patrie,
Chers compagnons notre Mère n’est plus   bis

Dans tous les temps elle fut notre intime,
Car son amour nous la faisait chérir ;
Elle est partie en emportant notre estime,
De ses bienfaits gardons le souvenir.
Mère Jacob, qu’ici bas chacun pleure,
Contemple nous  du séjour des élus,

Repose en paix dans ta sombre demeure,
Car nous prions pour celle qui n’est plus.  Bis

Son souvenir, frères du tour de France,
Laisse en nos coeurs d’ineffables regrets,
Elle aimait tant la paix, la tolérance,
Qu’à son amour je dédis ces couplets.
L’enfant chéri fidèle a sa mémoire,
Dans tous les temps célébra ses vertus.

Nous lui devons place dans notre histoire,
Chers compagnons notre Mère n’est plus.   Bis

Rochelais l’Enfant Chéri.

C’est le 19 mars 1865, que les Compagnons boulangers du Devoir choisiront pour la pose du monument.

Pour terminer ce sixième article dédié à Notre Bonne Mère Jacob, écoutons Abel BOYER, Périgord Coeur Loyal :

« J’avais cru voir la Vierge ! De loin on le croirait, mais à mesure que j’avance, j’ai l’impression de ne voir qu’une Sainte.

Juche sur son socle dans l’alignement des tombes, le visage de bronze semble s’incliner ver moi et, stupéfait, surpris, je fixe cette forme humaine, ou l’artiste a su mettre en relief l’expression indéfinissable de bonté qui devait s’épanouir sur les traits de la Mère Jacob.

On ne passe pas sous son regard métallique, quand on est Compagnon, sans éprouver une intense émotion.

La Mère, celle qui fut l’incarnation de la Mère idéale et que dans élan de pieuse reconnaissance les Boulangers ont statufie, nous emprisonne dans son regard éteint et nous retient captifs, en nous forçant a nous ressouvenir.

Et dans ce vieux calvaire tourangeau, sur la butte de Saint-Symphorien, elle semble encore veiller sur ses enfants.

Ils sont nombreux ceux des nôtres qui dorment sous sa protection. Elle semble nous attendre sur le pas de la porte de l’éternité ! »

Abel BOYER, Périgord Coeur Loyal, Compagnon Maréchal-ferrant du Devoir -1947-

A suivre…

Laurent Bourcier, Picard la Fidélité, C.P.R.F.A.D.

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