L’Empereur et le retour du corporatisme en boulangerie, 1813

Au lendemain de la Révolution de 1789, apparaît en 1791, le décret Allarde et la loi Le Chapelier proscrivant les corporations de métiers et les organisations ouvrières, chacun ayant désormais le droit, moyennant le paiement d’une patente, d’exercer une activité à sa convenance dans l’anarchie.

Napoleon, fort des enseignements de l’Histoire,  ne concevait pas de voir le kilo de pain à 0,45 F alors que le salaire moyen de l’ouvrier ne dépassait pas 2 F par jour, pressera bientôt les boulangers de Paris a se regrouper en syndicat (Arrêté du 11 octobre 1801) afin de mettre un terme aux prix astronomiques que leur récente liberté leur autorisait.

«Du pain dépend la survie des Empires que les peuples ne sauraient défendre le ventre creux » aurait-il ajouté pour motiver son geste.

Le Syndicat de la boulangerie administré par quatre boulangers choisis en présence du Préfet de Police, dans le principe, fixait le prix du pain en fonction du prix de la farine. L’autorité n’intervint que pour autoriser la hausse en fonction des circonstances.

Le 6 novembre 1813, Napoléon rétabli le corporatisme pour le métier de boulanger. La lecture du journal ouvrier lyonnais L’écho de la fabrique (journal des canuts 1831-1834, numéro 47; 24 novembre 1833) nous rapporte ce fait accompagné de la pensée de l’époque:

Les boulangers avaient subi la loi commune, et voilà qu’il plaît [4.2] à Bonaparte, dont le vaste génie voulait tout embrasser, de faire revivre une corporation dont le peuple avait salué la mort avec bonheur. Le 6 novembre 1813, de son quartier impérial de Mayence, il rend un décret qui reconstitue la corporation des boulangers ; il les divise en classes, leur donne un syndic et des adjoints, décide que nul ne sera boulanger s’il ne produit un certificat de bonne vie et mœurs, s’il ne justifie avoir fait son apprentissage et connaître les bons procédés de l’art ; enfin il défère au syndicat le pouvoir exorbitant de prononcer l’admission ou le rejet du candidat. Ce décret est encore exécuté aujourd’hui, et la manière dont on l’exécute ajoute à tout ce qu’il a d’odieux et de contraire à la liberté industrielle. Qui croirait que des syndics n’admettent un candidat qu’autant qu’il est acquéreur et non créateur d’un fonds, qu’ils le soumettent à l’impôt d’une somme une fois donnée, et à l’exécution d’un chef-d’œuvre qui a le privilège de fournir à la table de MM. du syndicat, et leur fournit ainsi l’occasion d’un excellent dîner aux frais du candidat ? voilà des faits qui sont de notoriété publique et dont 1832 a encore été témoin.Un semblable décret, ainsi exécuté, n’existe qu’en violation de la loi. L’art. 2 de la loi du 2 mars 1791, déclare que tous privilèges de profession, sous quelque dénomination que ce soit, sont supprimés. L’art. 7 de la même loi porte que : Il sera libre à toute personne de faire tel négoce, et d’exercer telle profession, art ou métier qu’elle trouve convenable. La loi ne faisait aucune distinction, elle était générale ; elle donnait une entière liberté aussi bien aux boulangers qu’aux épiciers, cabaretiers, etc. Cette loi est encore en vigueur, elle ne peut être abrogée que par une loi, et nous ne sachons pas qu’aucune loi y relative ait été promulguée.

Fête du 15 aout 1861. –Distribution de bons de pain dans une mairie, le jour de la fête de l’Empereur.

Laurent Bourcier, Picard la Fidélité, C.P.R.F.A.D.

Commentaires concernant : "L’Empereur et le retour du corporatisme en boulangerie, 1813" (1)

  1. ducamps a écrit:

    bravo laurent picard la fidelité.

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