« Le pain dans la grande guerre » (29)

LES TICKETS DE PAIN

L’approvisionnement de la France en céréales américaines, jusqu’alors assuré par voie maritime,  est mis à mal par la guerre totale engagée par les sous-marins allemands. De plus les navires américains sont en priorité destinés au transport de troupes et à leur propre approvisionnement.

Le blé devient rare. S’organise alors une campagne pour faire ensemencer en blé toutes les terres aptes à cette culture, et pour engager les Français à économiser le pain.

Les cartes de rationnement pour le pain sont alors mises en place. Les travailleurs ont droit à 700 grammes de pain par jour, les enfants jusqu’à 6 ans à 300 grammes et les adultes à 600 grammes.

La population française est répartie en 6 catégories afin de recevoir les tickets de rationnement :

Catégorie E : les enfants

Catégorie A : les adultes

Catégorie J : les jeunes

Catégorie T : les travailleurs

Catégorie C : les cultivateurs

Catégorie V : les vieillards

 

Leçon d’un instituteur à ses élèves – octobre 1917 :

« Mes enfants, quand vous venez en classe, le matin, vous voyez des hommes qui parcourent les champs, un sac en bandoulière et qui jettent à poignées des grains de blé à travers les sillons. Autant que les soldats de la tranchée, ceux-là préparent la victoire future. Le blé qu’ils sèment, germera  et, l’an prochain, nous aurons du pain pour l’armée et pour le pays. S’ils se décourageaient, s’ils se laissaient gagner par la paresse, nous mourrions de faim ; leur geste nous nourrit et nous sauve. Il vous faut les saluer avec respect et leur vouer une reconnaissance profonde.

Mais quel que soit leur travail, nous n’aurons pas en France assez de blé pour que chacun ait du pain à discrétion. Il faut donc commencer dès maintenant à économiser le pain. Que chacun se contente de la ration que la loi lui assure et surtout que personne ne gaspille une miette. Laisser tomber un morceau de pain, le donner aux animaux ou le jeter, c’est un crime. Celui qui se rend coupable de ce crime trahit son pays et devient l’auxiliaire de l’ennemi. Si vous cherchiez parmi toutes les vilenies que les enfants peuvent commettre, quelle est celle qui fait le plus plaisir aux Allemands, soyez sûr que c’est celle-là : gaspiller le pain.
Le pain est sacré puisqu’il entretient notre vie, puisqu’il a tant coûté de travail et de sueurs, puisqu’il sera l’instrument de la victoire ; ne le touchez donc qu’avec un respect religieux et utilisez-le jusqu’à la moindre parcelle
. »

Laurent Bourcier, Picard la Fidélité, C.P.R.F.A.D.

Voir toutes les parties de l’exposition.

Voir le site officiel de l’exposition.

Envoyer un commentaire concernant : "« Le pain dans la grande guerre » (29)"