« Le pain dans la grande guerre » (19)

LES RUSSES AU COMBAT

En août 1914, la Russie mobilise plus de 10 millions d’hommes, mais ne parvient à en acheminer que 7 millions, dont seulement 1 million en première ligne, sur le front oriental allemand. L’armée russe, constituée presque entièrement de paysans, est battue par les Allemands dès le 30 août 1914 à Tannenberg.

En 1915, le front russe est percé de toutes parts ; la Pologne et la Lituanie sont occupées par les Allemands. L’armée russe subit d’énormes pertes : 1 million de morts et 900 000 prisonniers.

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Boulangerie russe équipée de fours portatifs sur le front est en 1915

Il semble qu’elle ait été seulement équipée de boulangeries portatives, transportables à dos d’équidés, ceci à cause du climat qui dégrade les voies de communication, lors du gel et du dégel.

Le pain du soldat russe est un pain noir, très proche du pain K.K. allemand, composé de farine de seigle et de levain à base de malt

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Mickaël Mickaëlovitch Matvev, Capitaine  35 eme brigade d’artillerie

“…cette guerre est bien plus difficile que la guerre contre les Japonais, où nous avions rarement faim, et nous dormions suffisamment. Depuis plusieurs jours nous n’avons pas eu de repas chaud, seulement  du pain noir, et nous ne dormons pas… » Mickaël Mickaëlovitch Matvev, Capitaine 35 eme brigade d’artillerie, 1914.

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Contrairement à celui des armées européennes, le soldat russe peut consommer une multitude de céréales, sans qu’elles aient subi une transformation par la panification, sous forme de bouillies nommées « kacha » ou comme composants des soupes. Ces nombreuses céréales transformées en bouillie sont le sarrasin, l’orge, l’avoine, le seigle, l’épeautre, le millet et le blé sous forme de semoule.

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Batterie de fours portatifs russes

Des régiments russes viennent également combattre sur le front occidental, acheminés par bateaux via Marseille, et combattent en Champagne. Leur préparation ce fait au camp de Mailly ou ils sont armés de fusils et mitrailleuses françaises et sont ravitaillés en pain blanc par les boulangeries militaires françaises.

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Le pouvoir bolchevique issu de la Révolution d’octobre 1917 promulgue un décret sur la paix et sollicite un armistice. Il est obtenu le 15 décembre 1917, mais en février 1918 les combats reprennent et les troupes allemandes menacent Saint-Pétersbourg.

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Soldats russes partageant leurs vivres avec des prisonniers austro-hongrois

Le 3 mars 1918, la Russie bolchevique signe un traité de paix séparée avec l’Allemagne, ce qui entraîne pour elle la perte de la Finlande, des pays baltes, de la Pologne, de l’Ukraine, d’une partie de la Biélorussie et de la moitié de l’Arménie.

Un million huit cent onze mille militaires russes trouveront la mort lors du conflit, représentant 30 % des pertes alliées et un million cinq cent mille civils.

« Je me souviens du pain, du pain gluant et noir,
De la farine d’orge à la grosse mouture.

Mais lorsque l’on posait la miche sur la table,
Les visages soudain fleurissaient de sourires.

Pain de guerre fidèle à la soupe sans viande
Et bien fait, effrité, pour s’accorder au kvass ;

Il s’attachait aux dents, se collait aux gencives,

Nous, on s’en dépêtrait à la pointe des langues.
Il était aigre avec le son qu’on y mêlait.

Je ne jurerais point qu’il allât sans ivraie,
Bouche avide pourtant, après chaque repas,
Ma paume recueillait les miettes précieuses.

Constamment, l’œil sur lui fixé, le souffle court
Et le cœur prêt à me manquer, je l’observais.
Imperturbable et rigoureux, le tranche-pain,
Il partageait le pain ! Il taillait le pain noir! ”

Evguéni Vinokourov

 

Laurent Bourcier, Picard la Fidélité, C.P.R.F.A.D.

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