« Le pain dans la grande guerre » (14)

Il y a cent ans, jour pour jour. Verdun, 21 février 1916.

Le 21 février 1916, à 4 heures du matin, Verdun est réveillée par un obus allemand de gros calibre. Comprenant le danger, le boulanger Modeste COLLIN et sa famille se réfugient dans la cave de la boutique. A 7 h 15, le bombardement est intense. C’est une avalanche d’obus de tous calibres, du 210 jusqu’au 420. L’inévitable se produit : un obus de 380 éclate sur la boulangerie, abat la maison et éventre la boutique.

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Verdun (Meuse) : la boulangerie de Modeste Collin détruite, rue Saint-Esprit

Marie Collin porte une voilette noire sur son visage pour masquer d’horribles cicatrices, séquelles des premiers mois de la guerre. L’ouvrier de l’entreprise étant mobilisé, Marie aidait alors son époux au fournil. Elle n’hésitait pas à enfourner elle-même le pain dans le four tout nouvellement équipé d’un dangereux brûleur au fioul. Un accident terrible s’était produit, provoqué par un retour de flamme au moment où Marie ouvrait la porte du four. La joue avait été profondément brûlée, l’aile du nez atteinte, le lobe de l’oreille détruit et un oeil avait été perdu.

A 16 heures, suite à ce bombardement d’une intensité incroyable, 60 000 soldats allemands passent à l’attaque croyant affronter des troupes à l’agonie, totalement désorganisées. Contre toute attente, les Allemands trouvent une opposition à leur progression, des positions françaises disparues, des survivants qui surgissent. Des poignées d’hommes, souvent sans officiers, s’arment et ripostent à l’endroit où ils se trouvent. Les forces francaises se réorganisent, mais les conditions du combat sont d’une difficulté extrême.

« Les deux litres qu’emportent nos bidons sont vite épuisés (…) on peine durement et presque toujours « il fait soif ». Le problème de la soif est souvent cruel. Sur la rive gauche de la Meuse, il n’y a pas d’eau. Sur la rive droite (…) il y a des sources excellentes. Mais les Allemands, qui y ont vécu, les connaissent comme nous. Ils y précipitent jour et nuit tant d’obus que les hommes qui y vont goûter l’eau risquent chaque fois d’y perdre le goût du pain. » Daniel Mornet, poilu de Verdun.

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La salle de pétrissage de la citadelle

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Les fours de la citadelle

C’est 300 jours et 300 nuits de combats acharnés, effroyables, qui vont suivre. 26 millions d’obus tirés par les artilleries soit 6 obus au m2, des milliers de corps déchiquetés, près de 300 000 soldats français et allemands portés disparus.

 

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Il est embourbé!

Guillaume : -J’ai peur de ne pas m’en sortir !

La boulangerie militaire des galeries souterraines de la citadelle joue un rôle important dans l’approvisionnement en pain des hommes sur le terrain : ses fours fonctionnent en permanence et produisent 28 000 rations par jour.

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Boulangers de l’armée française à Verdun.

Le 13 septembre 1916, Verdun est nommée « Chevalier de la Légion d’Honneur » et reçoit six autres distinctions de pays alliés. A la mi-décembre les Allemands sont repoussés sur leurs positions de départ. Verdun, c’est une victoire ! Quatre ans plus tard, le 10 novembre 1920, c’est au cœur de la citadelle souterraine que sera choisi le Soldat Inconnu qui repose actuellement sous l’Arc de Triomphe à Paris.

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Laurent Bourcier, Picard la Fidélité, C.P.R.F.A.D.

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Commentaires concernant : "« Le pain dans la grande guerre » (14)" (2)

  1. Stéphane Merceron a écrit:

    Merci Laurent pour cette belle mise en épisodes de l’exposition. A bientôt. Amicalement

    • Laurent Bourcier a écrit:

      C’est avec plaisir! 🙂
      Merci Stephane .
      Amities et a bientot je l’espere!
      Laurent

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