Le mystère des fours de Savenay

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Des découvertes archéologiques sur le site du futur collège

Article de presse paru dans le journal L’Echo de la Presqu’ile, le 26 mars 2015 :

Les opérations de fouille qui sont actuellement réalisées par l’Inrap (Institut national des recherches archéologiques préventives) sur le site de Therbé, se sont déroulées en trois phases, pour ne pas perturber le début des travaux du nouveau collège. La fin de ces recherches est prévue pour le mois d’avril. L’équipe d’archéologues, avec à leur tête le Savenaisien Antoine Le Boulaire, en est actuellement à sa troisième et dernière phase.

Si sur les deux premières phases, des traces de l’époque antique ou encore médiévale existaient, c’est sur cette troisième phase que les découvertes sont les plus intéressantes. Ainsi, ils ont mis à jour l’ancien hôpital allemand construit en 1940 et démoli en 1950. Décapées par différentes tranches, les fondations de l’hôpital restantes permettent de compléter l’histoire. “Nous avons découvert des éléments en rapport avec l’hôpital allemand.

On y a trouvé de la vaisselle et beaucoup de faïences, puis quelques vestiges. Par contre, rien en terme de vie quotidienne”, explique Antoine Le Boulaire. L’hôpital qui devait mesurer une centaine de mètres de long était divisé en deux parties, une aile nord et une aile sud. Au bout de cet hôpital, l’existence d’un bassin de 12 mètres par 12 et d’un mètre de profondeur. “Peut-être une réserve d’eau. Certains diraient une piscine, je n’en suis pas sûr”.
Un hôpital pour quel usage ?
Paul Guibert, membre des Amis d’Histoire du lycée de Savenay, qui s’intéressent beaucoup à l’histoire de Savenay et à ces périodes, raconte : “Il y a des choses que l’on sait, certaines que l’on suppose et d’autres inconnues. L’hôpital allemand a servi à des prisonniers français. Il y avait aussi pas mal de troupes coloniales, indigènes. En 1941, les Français ont été dirigés vers l’Allemagne et les indigènes sont restés”.

Pour Antoine Le Boulaire, aucune trace de ces derniers n’a été retrouvée. “Très certainement, les troupes prisonnières ont été séparées par religion, avec par exemple la présence d’une mosquée. En 1945, à la libération de la Poche, les rôles ont alors été inversés. Ce sont les Allemands qui ont été fait prisonniers dans le même hôpital”.
Plus surprenant encore, il a été mis à jour une ligne de cinq fours, situés à l’arrière de l’hôpital représentant une structure de cuisson. Mais à quoi pouvaient réellement servir ces fours ? Des plans ont été réalisés par les archéologues.

“Une étude est en cours, des prélèvements vont être effectués pour en connaître davantage leurs fonctions”, explique encore Antoine Le Boulaire. Des archives municipales montrent que des soldats prisonniers allemands ont été amenés en 1946 et 1947 pour exécuter des travaux de réparations, de nettoyage, de déminage.

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Des relevés sur l’un des fours (le plus en état) sont effectués par les archéologues

Dans quelque temps, tous ces restes archéologiques seront recouverts pour laisser place au nouveau collège que l’on appellera pour l’instant “de Therbé” en attendant de lui donner son vrai nom.

Jeanne Rivereau

C’est à la demande des plus sympathique de M. Le Boulaire archéologue à l’INRAP, responsable des recherches sur ce site, que le CREBESC a effectué une recherche sur ces mysterieuses fondations de fours. Mr Le Boulaire nous informant, en nous faisant parvenir plusieurs clichés de ces fondations, que deux hypothèses étaient envisagées. La 1ère consistant à y voir des constructions de l’armée américaine de la 1ère Guerre Mondiale et la seconde des fours britanniques de 1939-1940.

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À l’analyse de ces photographies, nous pensons (à 90%)  que ce sont les fondations de fours de campagne portatifs métalliques U.S. datant de la Première Guerre mondiale.

Ces fondations briques étant chargées de recevoir le four composé de différentes parties métalliques.

Voir  deux articles publiés  à ce sujet sur le CREBESC:
www.compagnons-boulangers-patissiers.com/crebesc/four-de-campagne-militaire-portatif-u-s/
www.compagnons-boulangers-patissiers.com/crebesc/boulangerie-de-campagne-us-ww1/

À savoir que, lors de la WW1, selon les connaissances  que nous possedons à ce jour, seul le four U.S. portatif nécessitait une base en dur de cette forme, composée de briques maçonnées . Fours indépendants les uns des autres ce qui n’est pas le cas des batteries de fours portatifs français ou britanniques lors de ce conflit.
Lors de la WW 2, les troupes américaines avaient abandonné ce type de fours préférant largement les fours roulants, comme l’ensemble des belligérants d’ailleurs etant donnes les déplacements rapides des lignes de fronts.
Mais, il y a une nuance à apporter, rien ne permet en effet d’affirmer à ce jour que ce type de fours US WW1 n’est pas été utilise lors de la WW2 par les lignes arrières, pour les troupes fixes (hôpitaux, camps de prisonniers allemands, manutention militaire, etc).

Ces fours US WW1 étant d’une certaine manière bien plus économique, et les USA préférants  utiliser la totalité de leurs fours mobiles pour le front…

De plus que ferait une batterie de fours US WW1 si loin du front en 1917 ?…alors que les USA avaient construit une usine de panification « la plus grande du monde » à  Is sur Tille en Côte d’Or pour nourrir leurs troupes sur le front de Champagne.

Pour ce qui est d’un usage autre que la cuisson du pain, je ne pense pas…mais une chose est certaine, il ne peut s’agir de crémation/incinération de corps ou de déchets hospitaliers, en effet, les fours WW1 US sont des fours à chauffage indirect, il n’y a pas de contact direct entre le combustible et la chambre de cuisson (indispensable pour la crémation/incinération) et la puissance de chauffe est bien insuffisante pour cela…

Suite à un échange de courriers, M. Le Boulaire nous informe qu’une attribution à la WW1 n’est pas en contradiction avec l’histoire locale, un hôpital militaire US ayant été installé à proximité de l’emprise de travaux.
La piste WW2 britannique est évoquée dans la mesure où en dans les années 1970, un ancien détenu français du camp de prisonnier de guerre mentionne une zone de fours sur un croquis. Bien que réalisé 25 ans après son enfermement, il garde en mémoire l’existence de ces fours. Ce camp est utilisé par les Allemands entre 1940 et 1945 mais ce sont les Britanniques (British Expeditionary Force) qui le construisent en premier en 1939 pour l’installation de ces troupes avant envoi sur le front de l’est et du nord.
Point également interrogatif, pouvons-nous concevoir que ces installations perdurent pendant plus de 20 ans sur le site, de la WW1 à  la WW2 ? C’est pourquoi, l’hypothèse d’une construction britannique WW 2 est privilégiée par M Le Boulaire.

Si l’un nos lecteurs et passionné de l’histoire de la WW2 possède des informations sur ce site de Savenay, nous l’invitons à venir partager celles-ci sur notre site.

Nous remercions M. Le Boulaire de l’INRAP pour avoir fait appel au CREBESC afin d’ éssayer de résoudre ensemble cette énigme. Ces lignes démontrent une fois de plus que c’est dans l’échange entre personnes de bonnes volontés que l’homme grandit pour le bien de la cité, de son semblable et de son prochain.

Laurent Bourcier, Picard la fidélité,  C.P.R.F.A.D.

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