Coopérative des Employés de Lievin

Coopérative des Employés de Lievin  « Ouvriers des Mines ».

CREBESC – 4a – Collection privée. Agrandi 2 fois.

21mm. Aluminium. Jeton rond perforé d’un carré. Avers : COOPERATIVE DES EMPLOYES * DE LIEVIN. P DE G * / & / OUVRIERS / DES MINES. Revers : BOULANGERIE * 1922 *

CREBESC – 4aa – Collection privée. Agrandi 2 fois.

21mm. Aluminium. Jeton octogonal perforé d’un carré. Avers : COOPERATIVE DES EMPLOYES * DE LIEVIN. P DE G * / & / OUVRIERS / DES MINES. Revers : BOULANGERIE * 1922 *

  

Compagnie des mines de Liévin 

La Compagnie des mines de Liévin est une compagnie minière qui a exploité la houille à Liévin, Éleu-dit-Leauwette, Avion et Angres dans le Bassin minier du Nord-Pas-de-Calais. La Société est fondée le 1er décembre 1862. Après de nombreux sondages, un puits no 1 est commencé à Liévin en 1858, et commence à produire en 1860.  (source wikipedia)

CPA – Collection privée. Liévin. Fosse N°2 en 1919.

Ouvriers, productivité, et salaires.

Ouvriers et salaires

Voici, d’après les rapports des Ingénieurs des Mines le nombre d’ouvriers employés, et les salaires qui leur ont été payés.

La notice distribuée aux membres du Congrès de l’Industrie minérale de 1876, donne les renseignements suivants pour l’année 1875 : l’extraction est de 158 921 tonnes. Les ouvriers et les employés sont de 914 au fond et 276 au jour, soit 1 190. Le salaire moyen de l’ouvrier mineur proprement dit est de 5,35 francs par journée de travail, et celui des ouvriers de toute espèce à 4,30 francs.

La production du mineur est de 6,75 hectolitres (573 kilogrammes), et celle de l’ensemble des ouvriers de 5,14 hectolitres (437 kilogrammes) par journée de travail. Au mois de juin 1879, le personnel de la Compagnie de Liévin se compose de 786 ouvriers au fond, dont 36 surveillants et boutefeux, 448 mineurs à la veine, aux galeries et aux bowettes, 155 hercheurs au charbon et à terre, 46 boiseurs, chargeurs à l’accrochage, maçons…, 30 conducteurs de chevaux et de poulies, 71 remblayeurs, galihots… Il y a au jour 193 employés dont 23 machinistes, chauffeurs, graisseurs de machines, 36 moulineurs lampistes, graisseurs de chariots, 120 manœuvres cribleurs, ramasseurs de cailloux…, 14 surveillants et gardes. Le total des ouvriers du service des fosses est de 979. Le service des ateliers et magasins emploie 84 personnes et le service du chemin de fer et des équipages trente personnes, soit un total général de 1 093 employés.

Pendant le mois d’août 1880, le service des fosses comprend 1 169 ouvriers au lieu de 979, chiffre de juin 1879. La production journalière par ouvrier est de 939 kilogrammes.

Le salaire moyen est de 4,63 francs pour les ouvriers mineurs (veines, mines, bowettes), 3,95 francs pour les ouvriers du fond de toute espèce et 2,86 francs pour les ouvriers du jour, soit une moyenne générale de 3,78 francs.

 

Maisons d’ouvriers

Au 1er avril 1880, la Compagnie de Liévin possède 565 maisons d’ouvriers finies et cinquante en construction. Sur ce nombre, il n’y en a que 507 habitées par 2 526 personnes, dont 1 332 hommes (52,7 %) et 1 194 femmes (47,3 %). Cette population comprend 605 hommes et 530 femmes au-dessus de vingt ans, soit 1 135 personnes ou 45 %, 202 hommes, 147 femmes de douze à vingt ans, soit 349 personnes ou 14 %, et 525 garçons et 517 filles de moins de douze ans, soit 1 042 enfants ou 41 %.

Dans les 2 526 habitants des maisons de la Compagnie de Liévin, on en compte 797 qui sont occupés dans les travaux, dont 605 au-dessus de vingt ans, soit 76 %, et 192 de douze à vingt ans, soit 24 %. 154 garçons et 38 filles travaillent au fond. Chaque maison loge une moyenne de cinq habitants, et fournit 1,57 ouvrier. La Compagnie fournit le logement à près des trois quarts de ses ouvriers (73 %).

Habitations typique de la Compagnie, à Angres.

Ecoles

Elle a établi en 1871 et 1872 de vastes écoles qui sont fréquentées par 750 enfants, et dont les instituteurs et institutrices sont logés dans cinq maisons, construites, comme les écoles aux frais de la CompagnieD 25. Tous les enfants des ouvriers sont obligés de suivre ces écoles jusqu’à l’âge de douze ans révolus. Une caisse d’épargne scolaire a été fondée dans ces écoles à la fin de 1872 ; elle possède en 1876 un capital formé par les versements des élèves de 13 500 francs.

Autres œuvres de bienfaisance

La Compagnie a fondé une Caisse de secours alimentée par une retenue de 3 % sur les salaires, le produit des amendes, et un subside de la société ; une caisse d’épargne où les ouvriers déposent leurs économies, à l’intérêt de 5 %, et dont les versements, qui ne sont à la fin de 1871 que de 15 000 francs, s’élèvent en 1876 à 122 000 francs ; et une société coopérative de consommation, fondée en 1874, et dont les résultats sont très satisfaisants.

Après 1880

En 1879, l’agent général de la Compagnie est M. Courtin, l’ingénieur est M. Viala. La première tentative de création d’un syndicat a lieu en 1880 par Arthur Lamendin. Trois explosions meurtrières de grisou se produisent de 1882 à 1883.

En 1890, la Compagnie produit 614 000 tonnes de houille et emploie 2 200 hommes, 340 enfants, et 173 femmes. Les mineurs déclenchent une longue grève en 1893 à la fosse no 3 – 3 bis à Éleu-dit-Leauwette à cause du trop grand nombre d’ouvriers belges. En 1894, 2 418 ouvriers au fond et 601 au jour produisent 665 742 tonnes de charbon.

En 1907, la Compagnie extrait 1 484 000 tonnes de charbon et emploie 6 824 ouvriers, dont 5 722 au fond, et 1 102 au jour. La production atteint 1 996 450 tonnes pour 9 695 ouvriers à la veille de la Première Guerre mondiale. La concession est ensuite envahie, et entièrement détruite en 1915. Les Allemands dynamitent les cuvelages des puits avant d’être repoussés par les Britanniques. 320 kilomètres de galerie sont inondées. À la fin de la guerre, en 1918, il faut déblayer 150 000 m3 de maçonneries, et 16 000 tonnes de ferraille, seule la fosse no 2 a été épargnée.

Après la guerre, M. Morin est directeur, M. Chavy est ingénieur en chef. La Compagnie produit 1 398 686 tonnes en 1934, 1 421 446 tonnes en 1935, 1 356 802 tonnes en 1936, 1 361 795 tonnes en 1937 et 1 419 454 tonnes en 1938. En 1939, le directeur général de la Compagnie est M. Cavy, son adjoint est M. Roi. La Compagnie emploie 6 009 mineurs au fond et 2 288 ouvriers au jour, soit 8 297 hommes. 5 643 maisons ont été construites dans les cités minières.

CPA. Collection privée. Liévin – La Mine N°1. Le puits no 1 bis après la guerre.

Vue générale des installations, au fond à gauche, la fosse no 3 –

3 bis des mines de Lens en cours de reconstruction.

 

Histoire de Ch’Tis,

En retour de la mine, les enfants guettaient l’arrivée du mineur, pour la vieille coutume du pain d’alouette
J’vas chi vous dir’, tout à l’coyette (tout à l’aise)
El pain d’alouette chuss’ qué ch’est
Ch’est un pétiot restant d’briquet
Ch’est deux dogts d’pain, pas davantache
Avec du burr’, du mou fromache
L’mineur r’mont cha pour ses infants
Du fond del min’, chaqu’jour ouvrant
Ce qui rend encore plus attendu le retour du père :
Quand, bin mat’, j’arviens d’l’fosse
Chu qui m’met in bonne humeur
Près d’ m’maison, ch’est m’tiot gosse
Quin dins mes gamb’s il acqueurt
I m’imbrasse, il est à l’noce
I m’ poche (presse) ed’sus s’pétit cœur
J’sins qué s’carress’ n’est point fausse
Mi, j’appell’ cha l’vrai bonheur
Je vais ici vous dire, tout à l’aise
Ce qu’est le pain d’alouette
C’est un petit reste de briquet
C’est deux doigts de pain, pas plus
Avec du beurre et du fromage mou
Le mineur remonte ça pour ses enfants
Du fond de la mine, chaque jour de travail
Ce qui rend encore plus attendu le retour du père:
Quand, bien fatigué, je rentre de la fosse
Ce qui me met de bonne humeur
Près de ma maison, c’est mon petit enfant
Quand dans mes jambes il accourt
Il m’embrasse, il est à la noce
Il me presse sur son petit cœur
Je sens que sa caresse n’est pas fausse
Moi, j’appelle ça le vrai bonheur

Par Minloute, et…

J ‘ va commincher par dire « mon diu ch’ pain », j’ voulo dire qu in pourro nin parler longtimps ,

que chéto eune nourriture « sacrée »

in fait quand qu in s’ rappelle , ch’est meme loin d’ et’ faux pasque dins grinmint d’ familes,

quand que ch’ père i coupo l’ pain, i faijo toudis eune cro such’ pain avec ch’ coutiau avant del’ débiter ,

grands pains pour grantes familles, ch’ pain i teno plusieurs jours sans problème

après in a connu ché boulots, plus pitits , coupés ou non coupés ,

j’ me souviens de chti qu in acato, coupé, à mon d ‘ chez Marechal, qui faijo que dépôt d’ pain,

 ch’ pain i éto fabriqué par Krawczyk, ch’ boulanger qui éto su Marles ou Auchel j

sais pu mais meme si faijo l’ route jusqu à Bruay in carette, in acadiane fourgonnette , conduite par ch’ Zeff,

s il vous plait , ch’ pain i éto toudis bin frais ,

chéto pas l’ toudis l’ cas de chti qu in avo pris à un momint à eune camionette qu ale passo tous les jurs ,

ch’ pain i éto sacré, dans l’ sens d abord qu in juo pas avec ,

cor asteure, faut pas que j vo quéqu un faire des boulettes avec, cha m’ fout in rogne pouvez pas savoir,

al’ mason ché zéfants zont vite compris , comme mi j avo appris aussi,

à respecter ch’ pain, ch’ pain ch’est l’ fruit du traval, et j avo dro aussi à « in gache pas du pain,

y d’zefants qui minchent pas dans l’ monte »,

j’ do dire que j a arpris aussi à mon compte l’ phrasse qui nous dijo min père ,

min père avo aussi des expressions bin à lui ,

si té mingeo tin pain comme un galaffe, it’ dijo « fout pas du pain dans ta tete »

ou alors « après ten’ aura pu » ,ou

« té nous in laisse quand meme » ou l’ miu

« si cha continue té vas pouvoir aller in racater un avant c’soir »

faut dire aussi que pour nos parints, ch’ pain chéto vraimint symbolique,

certain’mint qui yavo eune pointe d’ catéchisme là d’dins, et pour d autes,

ch’ pain chéto la valeur du traval asteure, ch’ pain in in minche moins , ch’est pu aussi primordial ,

la preuffe in in vint dins ché supermarchés

et dans certains, la baguette ale a que l’ nom, pasque ch’ goût y est pu là.

 

Du pain d’alouette

Que chair qu’on s’feso avec ech’pain d’alouette ed’sin père.

Ch’est vrai qu’in s’régalot avec ch’pain d’alouette. I faut r’connaître qu’chétot l’meilleur qu’in mingeot !!!
Merci Papa

Le Pain D’Alouette
C’est l’heure du  » briquet  »
Au fond dans les entrailles
Les mineurs rassemblés
A l’entrée de la taille
A l’air sur la bowette
Avec leurs mains noircies
Ils retirent des musettes
Le pain si blanc de mie
Ils laissent dans leur  » malette  »
En manquant d’appétit
Le bon pain d’alouette
En pensant aux petits
Quand ils rentrent de la mine
Les  » tiots  » tout excités
Attendent ces tartines
Au goût particulier
Mieux que du pain d’épice
Il faut voir le régal
Les yeux pleins de malice
Comme un repas frugal
Le bon pain d’alouette
Beau souvenir d’enfant
Avec son goût noisette
Rappelle le vieux temps.
Henri RAIMBAUT

L’ PAIN D’ALOUETTE
L’pain d’alouette faut que j’vous dise
Ch’étot eun’tartine arséquée,
Qu’avot un tiot goût d’pain d’épices,
Min père i l’prélévot d’sin briquet

Et demander de m’voix fluette,
Tout in bavant d’sus min cotron,
Pourquoi on app’lot « pain d’alouette »
Cheul’ tartine qui m’semblot si bon.

L’pain d’alouette, min tiot bohomme,
I est fabriqué pindant l’nuit,
Alors que tous les gosses i dorment,
Révant aux anges du paradis.

Alors toutes les souris de l’fosse,
Dins les bowettes et les cassis,
S’in vont par les creux et les bosses,
Ramasser l’pain qu’in leur a mis.

Ainsi l’crouton noir de m’malette,
Qui t’régale et qui t’seun ‘si bon,
J’lai trouvé intouré d’équettes,
Ch’étot d’part à ti, min garchon.

J’avos cinq ou six ans peut-être,
A l’époque d’loccupation,
Min père m’ramnot du pain d’alouette,
Pour que j’souff moins des privations.

Aussi quand i rintrot de l’mine,
Bin fatigué d’faire du carbon,
Din chul’mallette comme eun’fouine,
J’allos récupérer ch’croûton.

Alors in réchuant s’moustache,
Barbouillée d’soupe, tout alintour,
Im’racontot d’un ton plus grave,
L’plus belle des histoires d’amour.

Tandis que dins l’fin fond de l’mine,
Accroupis pindint le briquet,
L’mineur in grignotant s’tartine,
Fait quère des miettes intre ses pieds.

Puis après avoir nourris tous leurs mioches,
Blottis dins leur tiot nid douillet,
Bien à l’abri des coups d’pioches,
Ch’pain si bon i vont l’fabriquer.

Acht’heure qu’les années ont passé,
Je m’rind compte mieux qu’personne,
Que l’bout d’pain bien souvint r’monté,
A fait de moi, Papa, un homme.
Jean Ceenaeme v (Source « A la lueur de nos lampes » de J.P. Mougaudon-1988 )

 

Jean-Claude THIERRY

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