Les frères Bardon.

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Les frères Bardon, quatre mousquetaires de la boulange !

Un arrière-grand père meunier (Pierre Bardon 1772-1821) au moulin de Brifou à La Chapelle Montreuil ; un grand-père journalier, (Pierre Bardon 1797-1867 La Chapelle Montreuil) ; un père domestique à Coulombiers en 1852, journalier aux grandes Fougères en 1867 : (Pierre Bardon 1827 Montreuil Bonnin-1898 Poitiers), ce sont la, les ancêtres de quatre frères de la boulange !

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– L’ainé : Pierre Aimé BARDON est né le 15 décembre 1853 a Béruges (86), boulanger en 1873, à Paris ou dans une commune du département de la Seine. Il est reçu Compagnon boulanger du Devoir à Blois pour l’Assomption 1874, sous le noble nom de Poitevin Plein d’Honneur.

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Registre de réception de la Cayenne des Compagnons boulangers de Saumur.

Poitevin Plein d’Honneur est Premier en ville (président) de la Cayenne des boulangers du Devoir de Sens en 1876, il organise à ce titre dans cette ville une conduite générale pour le Compagnon boulanger du Devoir Jean-Baptiste ENTRAYGUES, Limousin Bon Courage.

Poitevin Plein d’Honneur avant 1883 (fiche matricule) est domicile au 62 avenue d’Orléans à Paris. Il épouse le 20 avril 1882 à Montreuil, Alexandrine Antoinette CORDIER, fille du boulanger Victor CORDIER de Montreuil, veuve de Philibert TROSSET, également boulanger.

Le 25 octobre 1883 à Montreuil, Alexandrine Antoinette donne naissance à Charles Aimé Victor BARDON (peut être unique fils). Elle décède de maladie en 1894 (date indéfinie a ce jour).

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En avril 1901, Poitevin Plein d’Honneur est secrétaire de la Cayenne des Compagnons boulangers de Paris, en 1904 est responsable du placement des ouvriers et compagnons boulangers dans la capitale et en mai 1905, Rouleur de la Cayenne de Paris (Saint-Honoré).

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-Avec sa seconde épouse, Louise Marie LEGOFF, s’installe dans un premier temps marchand de vins, traiteur, très certainement à Montreuil sous Bois (photographie ci-dessous au numéro 40 d’une rue inconnue) puis au 16 rue Charlot à Paris.  Père et Mère des Compagnons boulangers du Devoir sur ces deux adresses de 1904~ 1908 à 1914, et des Compagnons Tonneliers Doleurs à partir de 1911, au 16 rue Charlot ; siège de la société « Le ralliement des compagnons du Devoir ».

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Inscription sur la vitre de gauche :
« Au Rendez-vous des Compagnons Boulangers, 2 eme Succursale, Placement Gratuit »

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Madame Bardon, Mère des Compagnons boulangers du Devoir.

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Photographie de groupe prise à Paris, vers 1911, Madame BARDON à droite.

Le 5 mars 1911, les Compagnons tonneliers-doleurs de Paris par l’intermédiaire d’un de leurs membres, Léonce Pierre CHOPIS, Agenais le Courageux, (neveu paternel du Compagnon boulanger du Devoir Jean CHOPIS, Agenais la Fidélité) demandent de l’aide à la Cayenne de Tours afin de trouver une nouvelle mère dans la capitale. Le Compagnon tonnelier-doleur de Tours, Jules MAURAT, Tourangeau la Vertu, ce propose pour trouver une solution au plus vite. Ce compagnon ayant de très bons rapports avec les Compagnons boulangers de Tours, c’est probablement par leur intermédiaire que le père et la mère BARDON, siège des Compagnons boulangers de Paris au 16 rue Chalot devient aussi celui des tonneliers-doleurs du Devoir. Le 2 avril 1911, « la question de la nouvelle mère de Paris est résolu ».

(Né à Rochecorbon (I et L) le 18 octobre 1871. Reçu Compagnon a Beaune en 6 avril 1890 sous le noble nom de Tourangeau La Vertu.
Membre de l’Alliance Compagnonnique de Tours et Premier Compagnon de la société des Compagnons tonneliers doleurs du Devoir de Tours. Décède le 24 juillet 1951 d’un accident.

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Fête Compagnonnique du 24 septembre 1911 à Tours, groupe des Compagnons tonneliers-doleurs du Devoir, Madame BARDON a droite, entre les deux mères, le Pays MAURAT.

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Fête Compagnonnique du 24 septembre 1911 à Tours, groupe des Compagnons boulangers du Devoir, Madame BARDON a droite.

-En 1915 au décès de son frère Jacques, Poitevin Plein d’Honneur devient le tuteur de ses jeunes nièces, Andrée et Lucienne, filles du défunt.

-Membre honoraire du Ralliement des Compagnons du Devoir, domicilie à la retraite au 32 rue de Paris à Montreuil.

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Poitevin Plein d’Honneur décède en 1919 à Paris (3ème), il sera inhumé avec les Honneurs Compagnonniques, mais un incident aura lieu (rapport de fondation des Compagnons boulangers du Devoir dit les Enfants de la Vérité, date du 6 juillet 1920) :

« …Nous avons vu et entendu par le Pays Poulet, prononcer les paroles suivantes, devant toutes les personnes du quartier quand sorti le corps de notre défunt Père, le Pays et Frère Bardon, Poitevin plein d’honneur

« Ce Compagnon indigne d’avoir les Honneurs Compagnonniques, c’est un être qui a beaucoup nuit au Compagnonnage ».

Le Pays Bardon a toujours été pendant toute sa vie le Compagnon dévoué et Père pendant 10 ans d’une société dont les Compagnons étaient fiers de l’appeler le Père et vrai Père. »

Son fils, Charles Aimé Victor BARDON épouse la profession de son père et est lui aussi reçu Compagnon boulanger du Devoir, à Paris pour la Paques 1900, a l’âge de 17 ans (contrairement au règlement qui n’autorise pas les réceptions en dessous de 18 ans). Il porte le noble nom de Parisien la Clef des Cœurs.

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Charles Aimé Victor BARDON, Parisien la Clef des Cœurs, tenant par la taille très certainement sa première épouse, Louise DREMONT.

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Registre de réception des Compagnons boulangers de la Cayenne de Paris.

Bardon Charles Aime Victor, classe 1903, département de la Seine, 4 eme bureaux, liste principale, matricule 1021.
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Charles Aimé Victor BARDON, Parisien la Clef des Cœurs sur la marche d’entrée de la boutique située au 95 rue Kleber à Montreuil sous Bois, avec toute son équipe, apprentis pâtissiers, porteuse de pain, vendeuses, garçon boulanger.

Nous observons que Parisien la Clef des Cœurs est revêtu d’une tenue de travail de pâtissier, celui-ci se consacrant très certainement aux fins travaux de la pâtisserie, glace et cuisine, comme il est indiqué sur la vitrine, laissant la boulangerie a ses employés, c’est un Compagnon pâtissier avant l’heure, car se métier sera membre du compagnonnage du Devoir 40 ans plus tard…

Lors d’un séjour en Provence pour la santé de sa première épouse, Parisien la Clef des Cœurs avait vu de la farine de noyaux olives utilisée en mélange du poivre en poudre. Ce produit lui parut convenir comme fleurage et l’ayant essayé avec succès, il déposa en 1906 la marque « FLEURETTE » avant de la fabriquer lui-même dès la fin de la guerre.

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L’on remarque le sac de Fleurette Bardon sur le chariot.

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Cette même année 1906, il épouse le 23 octobre, en première noce Louise DREMONT à Montreuil, et suite au décès de celle-ci du a une maladie, en seconde noce le 26 mai 1925 à Grasse, Carmen GATINEAU. Parisien la Clef des Cœurs quitte la profession de boulanger pâtissier et ouvre en 1923 à Muy une fabrique de fleurage constitue de coquille de noyaux d’olives, ce fleurage sera baptise « Fleurette ».

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Charles BARDON, Parisien la Clef des Cœurs (Archives familiales)

« Notre usine continue sur le broyage des coques de noyaux de fruits (olive, noix, abricot), certes très peu pour la Fleurette dont la consommation est victime des nouvelles techniques en boulangerie mais dans l’industrie chimique et l’abrasion de pointe ».- (informations recueillis auprès de Monsieur Charlet BARDON en juin 2013).

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« Remarquez cette usine ! Elle a en outre des sous-sols de 10 mètres de profondeurs. C’est la plus formidable installation du monde entier pour ce genre de fabrication »

Le 1 mars 1926, naissance de Charlet Léon Emilien, puis d’une fille nommée Eliane (date de naissance inconnue).

Charles Aimé Victor BARDON, Parisien la clef des cœurs décède le 25 novembre 1940 au Muy (Var) suite au déplacement d’un éclat d’obus qu’il reçu lors de la première guerre mondiale, alors qu’il servait dans l’infanterie, au cours d’une mission de ravitaillement a un passage de voie ferrée bombardé par les Allemands. Eclat d’obus qu’il était impossible d’extraire par une opération à cette époque. Charlet Léon Emilien succèdera à la direction de l’entreprise crée par son père Charles, et servira la commune de Muy en tant que maire de 1989 à 1995.

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Encart publicitaire du journal « L’ami de la boulangerie » du 1 septembre 1937, numéro 16.

Aujourd’hui, c’est Dominique BARDON, l’un des trois enfants de Charlet BARDON qui dirige cette entreprise, connut dans le monde de la boulangerie pour ses fleurages composes de coquilles de noyaux d’olives.

– Le cadet : Jean Louis André BARDON, ne le 30 novembre 1856 à Bruges (86)

Reçu Compagnon boulanger du Devoir à Orléans à la Toussaint 1876, sous le noble nom de Poitevin l’Ami de l’Honneur, nous n’avons à ce jour aucune information sur son parcours compagnonnique, nous savons juste qu’il fut toute sa vie ouvrier boulanger à Poitiers.

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Registre de réception des Compagnons boulangers de la Cayenne de Paris.

Poitevin l’Ami de l’Honneur décède en 1916 à Poitiers (86).

 

– Le troisième frère : Jacques BARDON, ne le 19 mai 1865 à Montreuil-Bonnin (86)

Apprenti boulanger dès l’âge de 13 ans, puis ouvrier boulanger (recensement 1901) Maison Thevenard, 82 rue de Montreuil à Vincennes.

Marie le 30 septembre 1897 à Vincennes avec Melle Blanche COTTRET

Exploite un fonds de commerce, 43 rue Véron à Alfortville de 1904 à 1915, inonde lors de la crue de 1910. Décède le 1 février 1915 à Alfortville.

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En fond, a l’angle de l’immeuble, la boulangerie inondée de Jacques BARDON, lors de la grande crue historique de la Seine en 1910.(Coll. Giocanti)

Deux filles :

– Lucienne (l’ainée, +1924) qui épousera Camille Alix Georges TESSIER, ne le 23 aout 1895 à St Avaugourd des Landes (85), reçu Compagnon boulanger du Devoir à l’Assomption 1892 à Tours sous le noble de nom de Vendéen la Gaité. Mort pour la France en 1918 Pars les Romilly (10)

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– Andrée BARDON, (cadette, +1996) d’ou proviennent les témoignages familiaux, recueillit par sa petite-nièce Madame Giocanti.

 

Le benjamin : Paul Pierre BARDON est né le 29 juin 1868 à Montreuil-Bonnin (86)

Domiciles successifs :Sans-titre-10

Août 1894 à Vincennes au 30 rue de Montreuil.

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Mars 1897 à Montreuil au 32 rue de Paris (la boulangerie se trouve juste après le grand bâtiment central, cote gauche, toujours une boulangerie de nos jours)

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Octobre 1899 à Montreuil, au 47 rue Victor Hugo.

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Février 1903 à Montreuil au 67 rue de Paris.

Marie le 28 février 1910 à Montreuil avec Melle Marie GORNET (orthographe à vérifier)

Décédé le 14 mars 1910 à Montreuil (93).

Voila la présentation de cette famille de Boulanger du Devoir terminée, mais reste une question ! Pourquoi donc ces quatre frères ont épousé le métier de boulanger et les deux plus aines ont choisis les routes du tour de France et les Compagnons du Devoir ?

La solution est peut-être simplement située dans le village de Beruges compose d’un peu moins de 900 habitants dans les années 1820- 1830. En effet, nous y voyons la naissance le 14 mars 1823 de Jean Auguste METAYER, qui épousera la profession de boulanger et sera reçu Compagnon du Devoir à la Toussaint 1851 à Orléans, sous le noble nom de Poitevin la Fierté du Devoir.

Nous avons un second berugeois qui fera également son tour de France, mais malheureusement a l’orthographe du nom de famille incertaine (registre compagnonnique)le nomme ROULAUT Henri (le registre d’état civil de Beruges n’enregistre pas de naissance de ROULAUT, mais par contre celle d’un FROUGNEAU Henri, le 10 janvier 1829) ; se boulanger sera reçu à la Rochelle a la Paques 1852, sous le noble nom de Poitevin l’Ami du Courage.

Dans un village de cette dimension tout se sait, et a cette époque faire son tour de France, c’est comme faire le tour du monde a vélo aujourd’hui, tout le monde en parle autour du clocher !

Ces deux compagnons boulangers sont de la même génération que les parents de nos « quatre frères de la boulange », nous pouvons donc émettre cette simple hypothèse, c’est simplement au contact de l’un de ces deux compagnons boulangers Berugeois, ou de leur proche que les deux plus aines épousent la profession de boulangers et partent sur le tour de France des Devoirants, les deux plus jeunes imitant leurs frères dans la profession et dans le choix de la capitale.

Je tiens à remercier particulièrement Madame Nicole Giocanti et Monsieur Charlet Bardon pour leur gentillesse, disponibilité, et générosité. Sans ces deux descendants de Poitevin plein d’honneur, cet article n’aurait jamais vu le jour, et cette grande famille de Compagnons boulangers du Devoir n’aurait pas trouver de place dans ce « Temple de mémoire » que nous construisons chaque jour sur le CREBESC. Je remercie également Madame Jacqueline Martin , petite fille de Paul Bardon et le Pays Éric FOURTHON, Bordelais Noble Cœur, Compagnon tonnelier-doleur du Devoir, pour m’avoir communiqué les informations concernant la prise de fonction de Madame BARDON, Mère des Compagnons tonneliers-doleurs du Devoir de la ville de Paris.

Aux nom de la Mémoire, au nom des Compagnons boulangers et pâtissiers restes fidèles au Devoir, qu’ils soient triplement remerciés.

Laurent Bourcier, Picard la Fidélité  CPRFAD

 

Commentaires concernant : "Les frères Bardon." (2)

  1. Laurent Bourcier a écrit:

    Chers Lecteurs.

    Suite à la lecture de cette biographie Bardon, Madame Giocanti a la gentillesse de nous apporter quelques compléments d’information concernant Paul (1868-1910):

    Première union le 21 octobre 1899 avec Victorine Marie Gomet (1873-1906)

    Secondes noces avec Marie Louise Gomet le 28 février 1910.

    Sa fiche matricule indique qu’il est domicilié à Tours en 1889, Vincennes de 1891 à 1894 (avec son frère Jacques, Boulangerie Thévenard ?), Montreuil à partir de 1897.

    Grand Merci à Madame Giocanti pour ces infos.

    Laurent Bourcier, Picard la fidélité C.P.R.F.A.D.

  2. Boucherès Alain a écrit:

    Mon Cher Frère Picard la Fidélité,

    Encore une fois, je suis émerveillé devant un tel travail de recherche! Personnellement je n’avais jamais entendu parler de ce famille! Merci Picard de nous faire partager la fabuleuse histoire des Compagnons boulangers dans les moindres détails, et qui jusqu’alors nous était inconnu.
    Je ne sais si le CREBESC est souvent visité; mais en tous cas, le silence des Compagnons RFAD et même du Devoir, me laisse totalement incrédule. Bon courage quand même Picard!
    Simple remarque, qui ne peut t’avoir échappé: la bannière est celle qui se trouve à la Cayenne de Paris (de la sauce)…Si elle pouvait parler…

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